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Turlututu chapeau pointu

Turlututu chapeau pointu
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23 février 2005

Esthétique-moi

Le coeur battant, j'ai poussé la porte du magasin Yves Rocher. Comme s'il s'agissait d'une coutume ancestrale que se transmettent les déesses de la Beauté, la vendeuse a surgi, tel un diable de sa boîte, de derrière le comptoir où accroupie elle se livrait à un rituel connu d'elle seule.
- Euh, je je j'ai rendez-vous pour un soin du visage, bégaie-je
D'un signe de la tête, elle me désigne le fond du magasin. Je plisse les yeux et distingue les premières marches d'un escalier en colimaçon (heureusement les marches sont pleines) dans la pénombre. Précautionneusement je l'emprunte et après ce qui me semble être une éternité, je débouche dans une minuscule salle d'attente pourvue en tout et pour tout de deux minuscules sièges. Dubitative je les observe et je me dis que jamais je ne pourrai y assoir mon popotin. Un  minuscule petit bout de femme apparaît soudain dans l'embrasure d'une minuscule porte et m'appelle, m'empêchant de tenter l'expérience de poser mes fesses sur les 20 cm2 de tissu orange. J'entre dans une minuscule cabine dont l'espace est entièrement occupé par un fauteuil de dentiste amélioré. Je me sens comme Alice aux pays des merveilles quand elle croque dans le biscuit qui la fait grandir, grandir, grandir. Je n'ose bouger de peur de renverser quelque chose.

- Vous pouvez vous déshabiller, le crochet est là me renseigne la petite brune au visage d'ange.
- Qu'entendez-vous par "déshabiller" ?
- C'est la première fois que vous venez ? Enlevez le haut, m'ordonne-t-elle
Ce que je fais, gardant toutefois mon adorable soutien-gorge en dentelle spécialement porté pour être vu (ya pas grand monde qui peut se targuer de l'avoir vu ces derniers mois ! autant qu'elle en profite).

Grimper sur la table d'opération sans rien casser relevant de l'exploit à ma portée, je réussis sans trop de mal à le réaliser, ne shootant que dans une lampe sur pied (quelle idée aussi de la laisser traîner là aussi). Après quelques questions sur ma peau, sur les soins que je lui apporte, après m'avoir enveloppée de serviettes douces et chaudes, Rosa appuie sur deux boutons... la lumière vive fait place à une lumière tamisée et la chaîne hifi se met à couiner de la musique censée détendre mon corps et mon esprit. Le problème c'est que ce genre de musique provoque chez moi angoisse et tension... mon esprit n'ayant aucunes paroles auxquelles se raccrocher, il se met à vagabonder et à cogiter à des choses généralement peu agréables. Toutefois, décidée à profiter de ces 75 minutes de soin, je me concentre sur les produits de beauté qui ornent les étagères et je confie confiante mon visage aux mains expertes de la jeune esthéticienne qui se met à le triturer dans tous les sens, les doigts pleins de crème aux senteurs d'agrumes après l'avoir passé au jet de vapeur durant 10 minutes (au secours j'étouffe). 

Trois massages et deux masques plus tard, la voilà qui me demande si je désire une épilation des sourcils. J'étais si bien...
- Allez... oui ! réponds-je, autant être présentable pour mon anniversaire après tout
- A la cire ou à la pince à épiler ?
- Les sourcils ça s'épile aussi à la cire ??? m'exclame-je
- Bien sûr ! l'avantage c'est qu'on ne souffre qu'une seule fois !
- Bon bin... tentons la cire alors.

Elle avait dû la préparer à l'avance car j'avais à peine donné mon accord que j'ai senti quelque chose de chaud tout le long de mon sourcil gauche. Elle a pris une petite bande bleue, l'a pressée sur la cire chaude et a tiré d'un coup sec...
- Ca va ?
- Même pas mal, sanglote-je, une larme roulant sur ma petite joue dodue
BON SANG ! J'ai eu l'impression que tous mes poils s'extirpaient de mon corps sourcillaire ! Je me suis demandé avec angoisse s'il allait m'en rester assez ou si j'allais être obligée de les dessiner au crayon !! Le sourcil droit a tôt fait de subir le même sort que le gauche. Je soupirais déjà de soulagement quand j'ai senti la pince à épiler en action ! Deux tortures combinées au lieu d'une seule ! Mais que pouvait-il donc encore avoir à arracher ??

Au bout d'une heure 15 top chrono, je suis ressortie de la cabine, les cheveux en bataille, les sourcils bien dessinés et la peau plus douce que jamais ! Et personne pour la toucher,  pfffff.

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21 février 2005

Monsieur l'expert le retour

Il est 9h30, la  neige virevolte tout doucement autour de moi. Je relève le col de mon manteau, seuls mes yeux sont encore visibles. J'enfonce mes mains gantées de noir dans mes poches. Je commence à faire les cent pas  pour tenter bien vainement de me réchauffer. Je regarde autour de moi et je constate que les policiers, le juge d'instruction, le greffier et le substitut font de même.
- Mais qu'est-ce qu'il fait ? demande le juge
- Il est coincé dans les embouteillages à cause de la neige, M'sieur
- Pouvait pas prévenir plus tôt, maugrée le juge en tapant dans ses mains

Ce "IL" me met en émoi. Mon sang se met à bouillonner à la pensée de l'expert qui tarde et déjà j'ai moins froid. Finalement, au bout de ce qui m'a semblé n'être qu'une minute (alors que mes oreilles bleues me disent le contraire), une voix virile s'est fait entendre  : "pardon, pardon, laissez passer". La foule des curieux s'est alors fendue en deux et tel Moïse, il est apparu ! Mes yeux se sont écarquillés, l'image envoyée à mon cerveau congelé a mis du temps à être analysée, décortiquée et comparée à mon souvenir d'homme testostéronique.

Impossible de détacher mon regard du sommet de son crâne. Même ses deux petites fesses rondes avantageusement moulées dans son jeans noir ne réussissent pas à détourner mon attention de son bonnet (noir of course). Ce bonnet, d'une banalité affligeante, m'arracherait bien quelques sanglots. J'hésite entre des larmes de désespoir et des larmes de joie ! Ce ridicule accessoire vestimentaire n'est pas correctement enfoncé sur le crâne de son propriétaire. Le point le plus haut du bonnet se trouve à 20 bons centimètres du point le plus haut du crâne de l'expert, ce qui lui fait une sorte de champignon nucléaire sur la tête... Un vrai bonnet de schtroumpf ! Emmitouflé dans une grosse veste verte, l'ex objet de mes rêves les plus inavouables, se met à trottiner d'un bout à l'autre de la rue dans laquelle nous faisons le pied de grue sous le regard inquisiteurs des indigènes du quartier, afin de mesurer combien de mètres a parcouru la balle avant qu'elle ne s'écrase dans un panneau de signalisation qui passait par là et qui n'avait rien demandé à personne !

L'observant s'agiter de loin, j'éclate de rire lorsque damien à qui  j'avais confié mon délire, mon impatience et ma joie à l'idée de revoir l'homme en noir, se tourne incrédule vers moi pour me chuchoter dans le creux de l'oreille : "vraiment Vanessa... j'arrive pas à croire que ce troll des bois te fasse de l'effet !"

Depuis lors, penser à mon expert me met d'humeur guillerette et non plus fleurette ! Au fond, je ne perds pas au change... qu'il fait bon rire !

19 février 2005

Etape suivante

A l'approche de mes 28 ans, j'ai observé attentivement mon visage dans le miroir, à la recherche de rides sournoises qui trahiraient mon âge canonique (qui a dit que j'exagérais ?). C'est avec satisfaction que j'ai constaté que je devais tenir de ma mère qui à 55 ans en paraît 43. Par contre, j'ai remarqué avec horreur 6 cheveux blancs striant ma magnifique chevelure brune foncée que je me suis empressée d'arracher (les cheveux pas la chevelure).

J'ai demandé à ma mère quel était son secret pour garder le teint frais et lisse d'une jouvencelle ; "pourvu que cela soit que génétique" me répètais-je avec conviction. Ca aurait été trop beau ! Aucun miracle de la nature en vue, elle se tartine depuis l'âge de 25 ans de crème en pot. "Tu as déjà perdu 3 ans" a-t-elle ajouté en se gaussant de mon air effaré. Résolue à suivre son exemple, mais à une cadence moins soutenue que la sienne (pour le moment), je me suis rendue dans une grande surface. Le cauchemar ne faisait que commencer...

Un rayon entier consacré aux crèmes en pot et en tube... Il s'agissait tout d'abord d'opérer un choix entre les ViensIci, DieuQueTuAsMauvaiseMine, DisOr, NiVniA, EtesVousLourdée, L'Orval (parce que je le vaux bien !) et cent autres inconnues de moi. Hésitant, passant d'une marque à l'autre, comparant vite fait les prix, me rendant compte qu'elles étaient toutes chères, j'ai fini par choisir DieuQueTuAsMauvaiseMine dont le nom me semblait le plus indiqué.

La partie de rayon délimité, a surgi un autre problème... Crème de jour ou crème de nuit ? PFFF ! Que se passera-t-il si je mets une crème de nuit le jour ? Est-ce que les petits gluons (oui ! je les imagine comme les gluons dans feue l'émission TéléChat), armés de leurs pelles, pioches et sacs de plâtre afin de colmater les fissures de la peau, refuseront de travailler sous prétexte qu'il ne fait pas assez noir et que donc il ne peut s'agir de la nuit ? Des évènements magiques se déroulent-ils durant notre sommeil ? J'ai finalement choisi une crème de nuit parce que le matin, tout comme le lapin d'Alice, je suis perpétuellement en retard. Plus que deux rangées concernées...

Peau mixte, peau sensible, peau grasse... Soupirant, j'ai opté pour la peau mixte, ce qui me semblait le plus neutre et le moins dangereux pour mon pauvre épiderme. Ce choix opéré, il a fallu que je m'interroge sur mes motivations : crème lifting qui fait adoucit les rides 25 minutes après sa pose durant au moins 2 bonnes heures ? crème qui combat intensivement les rides déjà installées ? crème de prévention des rides ? crème qui rend son éclat à votre peau terne ? MISERE !

Mais là où j'ai failli renoncer, c'est quand il a fallu que je me décide entre la crème pourtour des yeux ou tout le visage ou pourtour des lèvres ou pourtour du nez... Les gluons pourtour des yeux se mettent-ils en grève si on les étale sur les joues ? Et les gluons tout le visage sont-ils moins efficaces que les gluons commissures des lèvres ?? Soupirant, j'ai pris le gros pot "pour tout le visage, prévention des rides et ridules". Un doute m'a traversé l'esprit... et si après tout, c'était exactement la même crème que l'on retrouvait dans toutes les déclinaisons proposées ! Hein !

Après une heure d'hésitation et de transpiration dans ce maudit rayon, j'avais hâte d'utiliser ce produit miracle en pot. Le soir, toute fière de mon exploit (si si), j'ai déballé cette grosse boîte. J'en ai retiré un gros pot. Je l'ai ouvert pour constater avec consternation que la paroi de ce potiquet avait bien 2 centimètres d'épaisseur ! Sans parler du fond qui en avait au moins 3 !!
- C'est quoi cette arnaque ??? Deux minuscules petites noix et il est déjà vide !!

C'est cher la beauté !

Je me demande s'ils engagent chez DieuQueTuAsMauvaiseMine...

17 février 2005

Monsieur l'Expert

Dans le cadre de mon travail, j'ai eu la chance de participer à la reconstitution d'une tentative de meurtre (qui dit tentative dit échec). Grelottant dans mon grand manteau rouge, entourée du juge d'instruction et de son greffier, du substitut du procureur du roi et de 4 enquêteurs, Céline sur les talons, je tapais du pied et je soufflais sur mes mains en me demandant ce qu'on attendait pour pénétrer dans l'appartement où le drame avait failli avoir lieu. Une jeep a surgi au bout de la rue, a foncé vers nous et s'est arrêtée dans un grand crissement de pneus. La portière s'est ouverte et l'expert en balistique a pointé le bout de son nez.

A peine plus grand que moi, cet homme d'une quarantaine d'années, au crâne rasé (il fait partie de l'infime partie de la population masculine dont le crâne se dégarnit qui a compris à quel point un crâne rasé pouvait être sexy), habillé de noir de la tête aux pieds, un sourire ravageur et des yeux coquins derrière de petites lunettes rondes très mode, s'est avancé vers nous. Un véritable bloc de testostérone ambulant qui a mis tous mes sens en émoi.
- Quel homme !
- Ah bon ? Il est vieux, a rabat-joité Céline insensible aux phéromones qu'expectoraient tous les pores de son corps athlétique (et on s'en fout que ce ne soit pas scientifiquement correct ! j'ai fait le droit pas la médecine).

Durant les deux heures qui ont suivi, j'ai attaché mes pas aux siens, observant le moindre de ses gestes, buvant ses paroles béatement (la plus pieuse et dévote des croyantes n'aurait pas réussi à me battre, même si Dieu en personne s'était présenté à elle) et lui souriant idiotement dès que son regard croisait le mien... ce qui est arrivé un nombre considérable de fois vu que j'étais constamment sur son chemin.

Au moment douloureux de nous quitter, il m'a serré la main en me demandant si moi aussi j'étais une étudiante en criminologie. En l'espace d'une seconde, mes joues se sont retrouvées en harmonie avec mon manteau et j'ai lamentablement bégayé que non, que je travaillais dans le Goulag... (vous voulez mon numéro de téléphone ? mon bureau c'est le dernier au fond du couloir ! passez quand vous voulez ! pffff aucun esprit de répartie cette fille). Son sourire s'est élargi et il s'en est allé. Mon coeur aurait pu se fendiller et se briser en mille morceaux si je n'avais pas su que l'on serait amenés à se revoir lundi dans le cadre d'une autre mission d'expertise balistique !

16 février 2005

Céline

- Vanessa ?
Je relève la tête de mon dossier et je plante mes yeux interrogateurs dans ceux de mon chef. Debout devant moi, il se dandine. Il se frotte le crâne, repousse de l'index ses lunettes qui glissent et finit par m'annoncer qu'il a accepté qu'une étudiante en dernière année de droit vienne accomplir un stage de 90 heures sous sa direction.
- Comme moi il y a trois ans ou peut-être quatre... le temps passe si vite !
- Oui comme toi...
Saisissant la perche que je viens de lui tendre, il m'explique que vu mon jeune âge (tout est relatif), ma toute nouvelle expérience professionnelle, mes questions et mes doutes, je suis la plus apte à m'occuper de l'étudiante durant son séjour entre nos murs.
- Pour le moment, je suis débordé, ajoute-t-il, mais en cas de problème, je suis bien entendu là !
Assis à moins d'un mètre de moi, il n'est effectivement jamais bien loin.

Et c'est ainsi qu'un mardi matin, on a frappé à la porte du bureau. J'ai lancé un "ouiiiiii" tonitruant en raison des portes capitonnées qu'il faut que la voix franchisse. Aucune réaction. Bougonnant, je me suis levée et j'ai slalomé entre les dossiers pour aller ouvrir la porte. Personne. Intriguée, j'ai lancé un coup d'oeil à gauche et puis à droite dans l'espoir d'harponner et d'apostropher un dos qui s'en irait. Personne.
- C'est quand même incroyable, en plus d'être sourds, ils sont rapides ! maugréais-je
- Hum ? a alors fait une petite voix fluette s'élevant du sol sous mes pieds.
Surprise, j'ai baissé la tête. C'est à ce moment que je l'ai aperçue qui me regardait de ses grands yeux bruns. Minuscule, recroquevillée sur elle-même, à peine plus grosse que mon petit doigt, elle se tenait là devant moi depuis deux bonnes minutes, tentant d'attirer mon attention. Je me suis sentie géante tout d'un coup !
- Je suis Céline, l'étudiante... m'a-t-elle annoncé tandis que je la faisais entrer dans notre capharnaüm en prenant bien soin de lui dégager le passage, craignant qu'elle ne se brise un bras ou une jambe. Une minuscule petite poupée, fragile et délicate. J'ai fermé la fenêtre que j'avais entr'ouverte dans le but de chasser l'odeur de la pipe que le chef du Goulag s'évertue à fumer en ma présence, de peur qu'un coup de vent ne la fasse s'envoler.

Je l'ai installée à la table en face de mon propre bureau sur lequel j'avais déjà déposé une vingtaine de dossiers sélectionnés spécialement pour elle. Rien de bien compliqué pour commencer. Je lui ai expliqué en deux mots ce que j'attendais d'elle : lire, résumer et suggérer des pistes pour traiter chaque cas que je lui soumettais. Elle a replacé une mèche de cheveux colorés derrière son oreille et m'a dit qu'elle n'avait rien pris avec elle pour travailler. Etonnée, j'ai jeté un coup d'oeil à l'immense sac qu'elle trimballait avec elle me demandant si réellement ce dernier ne contenait aucun plumier ni bloc de feuilles. Souriante, je lui ai fourni un bic bleu et deux feuilles de brouillon. Soupirant, je me suis rassise devant mon ordinateur.

Ca ne faisait pas deux minutes que je m'étais remise à tapoter sur mon clavier que j'ai senti qu'elle m'observait, qu'elle me dévisageait et que si elle avait pu, elle m'aurait dépecé pour m'examiner sous toutes les coutures. Tentant de faire abstraction de cette paire d'yeux rivée à moi, j'ai continué mon travail. Au bout de 5 minutes, n'y tenant plus, j'ai tourné la tête vers elle. Les coudes posés sur la table, la tête dans une main, mâchonnant le bic que je venais de lui donner, elle s'est exclamé : "extraordinaire ! tu as senti que je te regardais !". Un mort dans sa tombe l'aurait senti !
- Un problème ?
- Aucun, me répondit-elle avant de replonger dans le dossier qu'elle avait fait l'effort d'ouvrir.

Haussant un sourcil, je me mis à relire mon texte sur l'ordinateur. J'étais à peine à nouveau concentrée sur ma tâche, qu'elle se remanifesta :
- Qu'est-ce que tu faiiiiiiiiiiis ?
- Eh bien euh... je rédige  un courrier...
- Je peux regarder ?a-t-elle fait en bondissant de sa chaise pour venir s'installer dans mon dos
- Euh...
- Vas-y ! Travaille ! je te regarde !

Depuis lors, elle décortique et commente tout ce que je fais... même le contenu de mon assiette a droit à ses commentaires éclairés. Quoi que je fasse, je sens son regard sur ma nuque si je lui tourne le dos ou sur mon front si je lui fais face. La petite phrase "tu fais quoiiii ?" me hérisse le poil. Impossible désormais de surfer en paix sur internet lorsque je décide de m'octroyer dix minutes de pause. Où que j'aille, elle me suit comme un petit toutou ! La première fois, j'ai failli crier... je ne l'avais pas vue qui m'avait suivie jusqu'à la photocopieuse alors que mon "je reviens tout de suite" résonnait encore dans l'air. Pendue et accrochée à mes basques plus fermement qu'un chewing-gum qui aurait fait un séjour prolongé dans un pot de glu, je suis obligée de prétexter des petits besoins urgents pour échapper à sa surveillance !

J'en viens à me demander s'il ne s'agit pas d'une nouvelle forme d'évaluation de la résistance au stress, inventée par le persécuteur chef du Goulag !

Encore 50 heures à tenir bon ! Soupirs...

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15 février 2005

+5

Quand la prof de danse funky, Lidia, est entrée dans la salle de cours, cela faisait déjà cinq bonnes minutes que je cherchais une excuse pour m'enfuir de ce lieu de tortures. Inventer des excuses plus ridicules les unes que les autres en attendant la tortionnaire est devenu notre passe temps préféré à moi et à mon frère.

Coiffée de sa casquette de rappeuse (je me demande vraiment comment elle fait pour y caser son abondante chevelure noire), vêtue d'un ensemble composé d'un pantalon à pattes d'éléphant d'une couleur totalement indéfinissable, oscillant entre le doré et le brun pailleté d'or et d'une petite veste assortie. N'importe qui porterait cet ensemble serait absolument immonde, sauf elle.

D'un geste théâtral, elle a retiré sa casquette, elle a secoué la tête et ses cheveux ont grâcieusement volé de droite à gauche et de gauche à droite, comme dans les pubs "L'Oréal, parce que je le vaux bien". Elle a ensuite dégrafé sa veste pour la retirer, laissant apparaître un minuscule, ridicule cache-seins (le morceau de tissu qui la couvrait ne pouvant décemment pas être appelé t-shirt) et en un ventre magnifiquement plat ! J'ai pointé le doigt en direction de son nombril et j'ai soupiré "je veux le même !". Cette fille est tout simplement superbe. Un peu trop petite à mon goût mais un corps de rêve façonné par les nombreuses heures qu'elle consacre à la danse et au sport. "Ya pas de miracle" comme dirait ma mère.

Débordante d'énergie, elle a commencé à sautiller, à courir sur place, à lever les genoux jusqu'au menton, à toucher ses pieds dans les positions les plus diverses et variées pour finalement finir par une rotation de la tête afin de chauffer les cervicales. Cet échauffement de 6 minutes et 26 secondes m'ayant déjà mise hors d'état de nuire, je me suis précipitée sur ma petite bouteille d'eau. Je sue tellement que je bois quasi un litre d'eau sans devoir passer par la case pipi-room. Profitant de ma faiblesse momentanée, elle nous a annoncé la pire nouvelle de la soirée :

- Le spectacle est programmé le 6 mai !
- Le pestacle, quel pestacle ? sursaute-je à moitié consciente
- Cette année, le centre culturel de TrouPerdu a décidé que TOUS les ateliers présenteraient les résultats des nombreux efforts réalisés ! Cependant la chorégraphie est loin d'être terminée, va falloir bosser dur !

EH OH ! Hors de question que je m'exhibe sur une scène ! Je ne vais pas aller remuer mes fesses au milieu de gamines de 15 ans, en ayant autant de grâce qu'un hippopotame ! Et encore ! Dans le long métrage de Walt Disney, Fantasia, les hippopotames dansaient extraordinairement bien !

14 février 2005

159

Misère... Aucune volonté, c'est effrayant ! La troisième semaine de régime se révèle être une véritable catastrophe calorifique. Sous prétexte d'un minuscule vague à l'âme, j'en ai profité pour me nourrir aussi mal qu'il y a 21 jours. Désespérant ! Je me frapperais bien si je n'avais pas peur de me faire mal.

Il devient extrêmement urgent de me trouver un but sinon tout ça va finir en eau de boudin ! Il serait plus simple que la récompense finale vienne d'une tierce personne. Si tout dépend uniquement de moi, je vais m'inventer 1000 excuses et 10 000 raisons de craquer et au final, je n'y arriverai jamais.

Bref je vais mettre Koud et ma mère sur le coup en priant pour que l'inspiration les effleure de ses ailes lumineuses ! En attendant, pour m'empêcher de recommencer trop vite à grignoter tout et n'importe quoi, je vais m'infliger une pénalité de 5 jours. Ca me fait tellement râler que ça va me couper l'appétit pendant au moins 3 jours au bas mot.

Et pour le cafard, un petit coup de Baygon s'impose !

9 février 2005

164

Ma très chère Christine,

Ce matin, encore ensommeillée, le visage tout chiffonné et les yeux mi clos, je me rendais à la salle de bain d'un pas traînant. En passant dans le salon (la disposition de mon appartement m'obligeant à traverser le salon et la salle à manger pour atteindre le point d'eau le plus proche), un obstacle s'est insidieusement mis sur ma route manquant de me faire tomber. L'adrénaline qui s'est propagée le long de ma colonne vertébrale m'a réveillée en un quart de seconde. J'ai allumé et je me suis approchée du coupable de cette frayeur matinale... la Plante.

- Et merdeuuuuuuuuuuuuuuuuh, me suis-je exclamée à la vue de deux branches pendant lamentablement hors du pot, comme deux arbres couchés sur le flanc suite à une tempête violente

Pensant que j'étais responsable de ce carnage végétal, je m'apprêtais à battre ma coulpe quand la couleur brune à la base de la tige m'a fait tiquer. Du brun parmi tout ce vert avait de quoi intriguer. Je me suis grâcieusement accroupie et du doigt j'ai palpé la tache brune. Dieu que c'était mou ! C'était tout pourri ! Sachant que je n'ai pas arrosé la Plante depuis samedi (terre toujours humide), que je n'y ai pas versé, malencontreusement bien sûr, de détergent, j'en conclus qu'elle était malade bien avant son arrivée ici !

J'ai prié mon frère, spécialiste mains vertes, d'établir un diagnostic.
- Mais... c'est quoi ce pot dix fois trop petit ??
- Ah oui... je me disais aussi que c'était bizarre tous ces bulbes qui sortaient de terre.
- Il faut arrêter la gangrène en coupant les membres atteints et rempoter !
- Mais bien sûr ! Attends je vais chercher le sécateur, le bac à fleurs et le terreau que je cache sous mon canapé !

Bref ! Ma chère Christine, j'ai le cruel devoir de t'annoncer que les jours de la Plante sont comptés. Elle est actuellement en soins chez ma mère qui fait tout son possible  pour la sauver ! Je t'envoie une photo que j'ai prise d'elle avant qu'elle ne parte au bloc chirurgical ! Je te tiens au courant.

Ta dévouée Vanessa

7 février 2005

166

166

Ca y est... Le moment fatidique que je redoutais tant est malheureusement enfin arrivé. Je me suis agenouillée sur le sol de ma salle de bain, devant la petite commode en tissu qui m'a été offerte par ma mère. Il ne s'agit nullement d'adresser une prière au ciel... quoique... Poursuivant cet effort physique intense, je me suis baissée jusqu'à toucher le sol du bout du nez. J'ai alors tendu les bras au bout desquels pendent deux mains munies de 5 doigts chacune vers l'espace de 5 centimètres de haut existant entre le sol et le plancher de la commode. Une petite moue de dégoût à l'idée de glisser mes mains dans ce trou noir grouillant peut-être d'araignées et de blattes diverses, j'en ai retiré la chose la plus terrible qui soit en ce bas monde lorsque l'on a décidé d'entreprendre un régime : la Balance !

Je me suis relevée et j'ai passé deux longues minutes à fixer cet engin de torture mentale. Je me suis déshabillée avec lenteur. Lorsque je me suis retrouvée en tenue d'Eve, du bout du pied, j'ai caressé la surface plane de mon ennemie, espérant que cette douce caresse ne la rendrait pas trop cruelle à mon égard. Son oeil rouge s'est allumé. Retenant ma respiration, j'ai grimpé sur elle en fermant les yeux. Au bout d'une minute, je me suis raisonnée : "tes pantalons te disent déjà merci Vanessa ! l'image dans ta glace te renvoie un ventre certes rebondi mais non plus bedonnant ! ça ne peut pas être si catastrophique que ça. Courage !"

J'ai décidé d'affronter la vérité en face. J'ai planté mon regard dans son regard flamboyant.
Septante-six kilos quatre cents grammes. Calculant rapidement que généralement (parce que les régimes, ça me connaît malheureusement), les deux premières semaines je perdais facilement 4 kilos, j'ai failli tomber à la renverse en songeant à mon poids de départ. Il était plus que temps de se ressaisir. J'ai repoussé la Balance dans son antre sans ménagement en espérant ne pas tomber dans l'engrenage infernal des pesées bi-journalières nuisibles pour le moral.

Comme dirait ma Koud, je suis sur la bonne voie !
A dans deux semaines !

5 février 2005

168

Je rangeais rapidement les dvd qui traînaient artistiquement sur le plancher de mon salon quand mon interphone a grésillé.

- Oui ? ai-je haleté
- Vanessa ? C'est moi ! m'a répondu Christine de sa petite voix pointue
- C'est au premier ! et j'ai appuyé sur le "sésame ouvre-toi"

J'avais encore du mal à croire qu'aujourd'hui, après plus d'un an et demi de "faudrait qu'on se voie", Christine se soit enfin décidée à me rendre visite. J'ai ouvert la porte de mon appartement et j'ai attendu qu'elle apparaisse. Mon sourire de "sois la bienvenue dans mon modeste appartement, tu es ici chez toi" s'est tout à coup figé à la vue de ce qui grimpait l'escalier. Christine, en jeune femme polie qui connaît les bonnes manières, m'amenait le cadeau bateau que l'on fait généralement aux amis chez qui l'on se rend pour la première fois depuis qu'ils ont déménagé. Le cadeau qui fait certainement plaisir à 99 % de la population... je n'ai jamais fait partie des majorités, j'ai toujours été le pourcent dissident. Le cadeau que j'avais interdit à ma petite Koud de m'apporter en raison de mon manque flagrant d'accointances avec ce dernier... L'inénarrable, l'innommable plante verte !

- Vanessa ! ça me fait plaisir de te voir, m'a lancé Christine à travers la jungle en pot avant de me la mettre d'autorité en mains.
- Christine, il ne fallait vraiment pas, soupirais-je, plus sincère que jamais.
- J'ai dit au fleuriste que tu n'avais vraiment pas la main verte ! Il m'a conseillé cette plante qui peut survivre même dans le noir !
- Flûte alors... Mais je t'en prie débarrasse-toi.

De la tête, je lui ai montré le porte-manteau. Les mains encombrées par la plante de 80 centimètres de haut, je lui ai fait visiter mon petit appartement en cherchant désespérément du regard un endroit où poser le monstre. Si j'adore les bouquets de fleurs dont les couleurs diverses et variées me mettent de bonne humeur, la plante résolument verte n'a jamais fait partie de mes projets décoratifs. Force me fut de constater que tous mes proches connaissant ma sainte horreur des végétaux en pot, je n'avais pas pris la peine d'aménager une place destinée à en accueillir au cas où quelqu'un aurait été assez fou pour m'en offrir. Tous mes murs sont tapissés de meubles ! armoires de salon, immenses bibliothèques, bureau, canapé... Après dix minutes d'hésitation, mes bras s'engourdissant, je l'ai déposée, résignée au milieu de la pièce. J'ai alors pu l'examiner. J'ai réprimé un petit sanglot.

MON DIEU CE QU'ELLE EST MOCHE avec ses 5 branches rachitiques qui sortent de terre et qui s'éparpillent dans tous les sens. Quel spectacle de désolation ! Quelle vision non harmonieuse de Mère Nature !

- Ca fait toujours plaisir une plante verte ! Ca met un peu de vie dans un appartement ! a déclamé Christine avec fierté
- Tu es sûre qu'elle est en vie ? ai-je murmuré en contemplant la plante avachie

Bon... faudra pas que j'oublie de l'arroser.

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